Exposition: André Lemire | Le musée des incomplets

Exposition: André Lemire | Le musée des incomplets

Le musée des incomplets mets en scène une galerie de sculptures qui représentent des portraits mécanisés fragiles, incomplets et partiellement dysfonctionnels. Une série d’automates de papier et de carton, montés sur des meubles et présentoirs, grinçants mais animés, activés à distance par le visiteur ou s’activant selon leur propre rythme. C’est une réflexion sur ce que nous ne terminons pas, sur le temps qui s’arrête parfois au mauvais moment, sur la marche imparfaite de toute chose. C’est une rencontre dysfonctionnelle entre le Musée Grévin et Thomas Edison. C’est la fabrication avortée de Pinocchio dans l’atelier du Dr. Frankenstein. Les objets semblent ici chercher à prendre vie, à respirer même parfois, sans toutefois y arriver complètement. L’imperfection du créateur s’est manifestée dans l’imperfection de la créature. Le travail n’a pas été complété. Et pourtant, un semblant de vie se manifeste.

Son travail se présente comme une réflexion sur une production culturelle de moins en moins portée par l’objet mais par plutôt par une interface technologique qui tend à tout normaliser. Nous avons développé avec la technologie un rapport extrêmement familier qui laisse de moins en moins de place à l’étonnement. Ce rapport est le résultat de plusieurs siècles au cours desquels la spécialisation et le cloisonnement des disciplines ont permis des réalisations technologiques de plus en plus poussées, tout en créant une distance de plus en plus grande entre la technique et son utilisateur. Nous sommes en quelque sorte plus impressionné de voir bouger un automate que de pouvoir se géolocaliser. Dans ce contexte, l’objet « bricolé » lui semble donc plus pertinent que jamais.

André Lemire possède un BAC en arts et design – concentration arts visuels de l’Université du Québec en Outaouais. Boursier du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada, il expose à multiples reprises ses œuvres au Québec et au Manitoba. Fermier, déménageur, technicien de cirque, estimateur en construction, André Lemire aurait également voulu être archéologue ou journaliste mais comme il fallait faire un choix, il a fait celui d’être avant tout un artiste. Il s’évertue depuis à constater que le monde est compliqué et à en faire la démonstration par une pratique monastique de la sculpture/installation, alliant le dysfonctionnel et l’ambigu, acceptant parfois le brouillon comme forme définitive, et s’articulant autour de la question : Comment faire de la recherche en sachant qu’il n’y a rien à « trouver »?